Histoires déconnectées. Médiévalismes et nationalisation de la
culture juridique en Europe (XIXe-XXe siècles).
Mensuel, (jour
indifférent), 10h-13h, (54 ou 105 bd
Raspail), du 22/01/2020 au 29/05/2019
En contrepoint du souci de reconnecter entre elles les
histoires dont la modernité a disjoint les circuits, il importe d’étendre au
langage du droit, considéré dans la spécificité à la fois incantatoire et
technique de ses performances, l’examen des « déconnexions » qui ont
accompagné l’essor de l’Occident.
Le séminaire sera consacré cette année à ausculter le
renvoi au Moyen Âge qui a permis l’affirmation d’un caractère national des
institutions juridiques, dans la culture savante du XIXe et du
premier XXe siècles. Comment s’est joué le rapatriement,
l’indexation « nationale » de ces formes juridiques abstraites qui,
des divisions de la propriété à l’organisation des assemblées villageoises,
avaient sédimenté dans le système labile du va-et-vient entre un droit romain «
commun » aux nations européennes et la myriade des coutumes développées par les
communautés locales ?
Afin de vérifier si un retour au Moyen Âge permet de «
purifier l’air » des études juridiques — comme Paul Zumthor l’affirmait dans le
cas des études littéraires — nous déclinerons cette question en examinant la
part de l’histoire médiévale chez quelques grandes figures de la pensée
juridique européenne, de Savigny à Gierke, en passant par Frederic Maitland, Hermann
Kantorowicz et Jean Flach.
Professeur invité à l’EHESS, Gadi Algazi, nous aidera à
mesurer l'insistance de ces « médiévalismes » dans la réaffirmation
contemporaine des « identités nationales ».